Philippe Etcheberry : la foi du bénévole
Philippe Etcheverry est un homme discret. Il est pourtant, dans l’ombre, l’un des rouages essentiels de la nouvelle organisation des joueurs autour de l’association Pro Tour qui fédère les frontons les plus importants du Pays Basque (nord et sud). Son boulot : faire progresser techniquement les jeunes joueurs qui débutent dans le professionnalisme. Une charge qu’il partage avec Serge Camy et Philippe Baronio. « Je suis plutôt attaché au pôle de Saint-Jean mais je tourne un peu partout dans la saison, dit Philippe. Je regarde attentivement ce que font les joueurs. Ensuite nous avons des rassemblements de joueurs une fois par mois. Ils sont faits de travail technique mais aussi physique. Ils ont lieu dans des frontons différents car aucun n’est pareil et les puntistes doivent pouvoir s’adapter à cette grande variété de canchas ».
« Il était important de rassembler, de fédérer autour de ce Pro Tour, poursuit Philippe. On a une nouvelle génération de joueurs qui sont allés vers le professionnalisme après le Mondial amateur de Pau en 2010. Il était important de les encadrer car seuls ils avaient tendance à s’éparpiller et à ne pas être très rigoureux en matière d’entraînement. Après presque deux ans de fonctionnement on sent une amélioration de la qualité du jeu des uns et des autres. Certes on est très loin du niveau de garçons comme Erkiaga qu’on a vu évoluer mardi soir mais on progresse. Avec un exemple fort, Nicolas Etcheto, qui est la révélation de la saison. Mais il y en a d’autres qui ne sont pas loin ».
Mais là on pense surtout à des arrières. Il y a plus de difficultés à sortir des avants performants. « Ils sortent d’une formation amateur et il ya un certain déficit dans la technique de la gestuelle, dit Philippe. Sur ce point les nôtres ont du mal à rivaliser avec les jeunes espagnols qui ont un meilleur bagage et aussi un mental plus affirmé. Nos joueurs doivent prendre exemple sur ceux qui ont réussi comme Eric (Irastorza). On doit faire passer le message. Cela dit il y a un garçon que l’on n’a pas vu jouer cet été car il a été victime d’une fracture du péroné mais qui est un véritable espoir devant. Il s’agit de Jean-Do Olharan. Lui a le niveau technique. Il est parti deux mois aux USA et au Mexique et il n’a pas signé pour le Pro Tour. C’est dommage. Il y avait sa place. Mais il ne faut pas oublier non plus Jon Tambourindeguy. Il a été blessé mais il a de vraies qualités. A lui d’être plus constant et de les montrer ces qualités ».
Philippe a été impressionné, le 27 août par la production d’Aritz Erkiaga. « C’est le Federer de la punta, dit Philippe. Jamais excité mais toujours placé et d’une précision diabolique. A Miami il a largement rejoint Goikoetxea. Si j’en parle c’est parce que je suis persuadé qu’on a des gosses qui peuvent arriver à ce niveau. Il y a un réservoir, c’est sûr ».
Et il sait de quoi il parle. Plusieurs fois champion de France il a surtout été médaillé d’argent aux JO de Barcelone en 1992 où la pelote était sport de démonstration. En 1985 il devait partir jouer aux Etats-Unis mais la longue grève des joueurs à définitivement ruiné ses espérances. Un moment l’a marqué particulièrement ; « J’ai perdu en finale des Internationaux de Saint-Jean, confie-t-il. Mais c’est un tel souvenir dans ma tête que je veux que les gosses connaissent de genre de moment fort par la qualité du jeu et de l’esprit de fête qui règne dans le jai alai »
Plus de rêve américain, Philippe est entré à la mairie de Saint-Jean aux services techniques. Mais il consacre bénévolement tout son temps libre à la pelote. Il a passé le brevet d’éducateur sportif, il a réussi son examen d’arbitre. « Former des jeunes, j’adore ça, avoue-t-il. Je vis ça 24 h sur 24. J’ai eu la chance de vivre avec des éducateurs qui m’ont transmis beaucoup de choses et il est normal qu’à mon tour je rende le maximum de ce qu’on m’a donné ».
Et il a des convictions fortes. « En tant qu’éducateur je peux dire que le Pro Tour est un formidable challenge pour cette génération, affirme Philippe. Il faut vraiment remercier ceux qui l’ont créé et qui le font vivre ».